[Rang 1] Incendie

Une semaine s'était écoulée depuis l'arrivée de Slevin à Burnley. Tout de suite, il avait aimé le cachet populaire et électrisant de cette partie de la ville. Cependant, après avoir été aux deux night-clubs, il hésita à y retourner une troisième: il en avait perdu goût. Le jeune homme, en se regardant dans le miroir, comprit, en voyant ses traits fins et son regards vif franc, que ce genre de vie nocturne n'était pas fait pour lui. Bien entendu, il était plus que heureux d'avoir quitté les ruelles sombres et dangereuses de Old Gotham, mais quelque chose manquait à ces bâtiments hightech et ces lumières aussi diversifiés qu'éblouissantes; il y manquait l'âme.

Il se souvint du vieux du vieux théâtre près de chez lui. Il y allait parfois, son goût pour la scène ayant toujours été une passion, mais cachée. Ce qui comptait, c'était se faire une place au sein du groupe de malfrats duquel il était membre. Si les autres gars auraient apprit qu'il faisait du théâtre, ils se seraient moqués de lui tout en le ruant de coups...

L'odeur de fumée l'extirpa de ses souvenirs. Slevin regarda autours de lui. Il était sur une rue quelconque, bien loin du tintamarre que produisait la vie nocturne des ''clubistes''. Au loin, dans une rue débouchant sur une avenue, la fumée noire se faisait lécher par les flammes: un incendie (et un gros) était en train de se propager.

Il entendit les bruyantes sirènes des pompiers devenir de plus en plus bruyante, plus il se rapprochait de sa cible, qui ne lui prit qu'une demie-dizaine de minutes à atteindre en courant. Là, le combat entre les agents des flammes et l'incendie semblait perdu pour eux, le feu, beaucoup trop puissant, entrain de carboniser les murs de briques, Slevin se les imaginant en train de fondre comme une coulée de lave noirâtre sur l'asphalte. Il se rapprocha du gros de la foule en train de regarder, impuissante, l'incendie se détruire leur chez-soi.

- Mon fils est à l'intérieur, cria un homme.

- Ma femme, surenchérit un autre.

- Mon chien: Janou ! Viens voir maman, je t'en pris !

Apparemment, les pompiers empêchaient les gens d'entrer, eux-même incapable de le faire, la seule entrée étant en proie à de trop forte température pour pouvoir être franchie. Slevin regarda le bâtiment brulant d'un œil décidé. Il avait fait beaucoup de tords aux gens autours de soi plus jeune et il était temps de payer sa dette envers l'humanité et s'il mourrait en essayant, il serait heureux d'avoir vécu ses dernières minutes en tant que bonne personne...

Ou, du moins, jusqu'à ce que les flammes lui arrache son dernier cri d'agonie.




À SUIVRE...